Parce que cela nous semble indispensable, nous sommes plusieurs de nos différentes associations à aller en Sicile à la rencontre des producteurs et de tous les "acteurs" du consortium des Galline Felici.

Chaque producteur nous fait visiter son "agrumeto", nous raconte son histoire , et nous expose avec passion tous les espoirs mis dans cette économie solidaire.

Ceux d'entre nous qui font ces voyages rencontres, essaient de les relater pour transmettre aux adhérents ce sentiment de confiance et d'enthousiasme qui nous rassemble!

Pour les autres associations, quelques récits (nous vous mettons bientôt des liens plus récents) :

Les voyages de de nos amis lillois les Givrés d'orange:  en 2013   En 2014

Les voyages-rencontres de nos amis de l'association "Respects" de Gap en 2014

 


Les Producteurs-trices rencontrés-es

Voici ici les portraits des producteurs rencontrés.

Les Galline Felici, c'est le nom que se sont donnés cette petite bande de copains dont le noyau dur se connaît depuis les années 80. Aujourd’hui, le consortium compte 35 sociétaires et quelques producteurs associés en cas de besoin. Il assure aux producteurs un prix d’achat constant de leurs agrumes, indépendant des fluctuations des prix du marché.

Ce sont tous de petits producteurs et il existe une véritable solidarité entre eux. Ils sont tous en agriculture biologique même si 2 ou 3 ont quitté la certification par désaccord avec le fonctionnement des labels. Avant de devenir membre du consortium, chaque producteur a une période “d’incubation” de 3 ans. Une trentaine de salariés assurent l’administration et la commercialisation. Nombre d’entre eux sont eux mêmes des producteurs trouvant ainsi un complément de revenus.

D'abord simples paysans ayant repris les fermes de leurs parents ou grands-parents, ils sont devenus militants du bio. Ils créent leur "consortium" en 2007. Ils font entrer peu à peu de nouveaux producteurs et vendent d’abord aux Groupes d’Achats Solidaires  (GAS) italiens. Ils associent en permanence les ventes d'agrumes, de légumes et de produits transformés avec une pratique militante de  développement du bio en circuit court.

De 2012 à aujourd'hui, toutes nos rencontres avec les galline Felici

Retrouvez les récits de nos rencontres, en France, en Sicile ou en Italie

Depuis 2012 nous allons régulièrement à la rencontre des « Poules heureuses ». Ce qui nous a motivé au début, c’est d’établir un rapport de confiance avec eux, de mieux connaître leur travail pour le faire connaître aux adhérents de Court Jus. Mais peu à peu la motivation principale était le plaisir de ressentir cette amitié née au fil de nos rencontres.

Depuis que, par hasard, cette aventure a commencé en 2011, nous sommes passés de quelques caisses commandées pour nos amis à presque une dizaine d’associations dans les Alpes du Sud regroupant autour de 2500 foyers qui achètent les agrumes des Galline felici, sans compter les associations dans toute la France dont certaines ont été aidées par nous pour démarrer. Aussi, il nous semble indispensable de partager avec nombreux adhérents la confiance et l’amitié que nous avons établie avec les Galline felici !

 




 Quelles caractéristiques nous paraissent importantes après toutes ces rencontres

 

Le contact direct sur place nous conforte dans l'idée qu'il s'agit de producteurs militants passionnés par leur métier et tout a fait cohérents dans leur pratique par rapport à leurs convictions.

 

En Sicile, le rapport Ville-Campagne nous a semblé très particulier. Il semble que l'héritage soit celui d'une tradition citadine de propriétaires habitant à la ville et possédant "une campagne" dans laquelle ils passaient quelques semaines pour surveiller la récolte, mais ne cultivaient pas vraiment eux mêmes, ils avaient souvent une autre activité. Aujourd'hui, du moins pour ceux que nous avons rencontrés, il s'agit d'une génération qui éprouve une véritable passion pour ces cultures et qui a un véritable projet économique et éthique, considérant qu'à partir de cet élément de base qu'est la nourriture, on peut repenser notre manière de vivre en cultivant bio et en rapprochant les producteurs des consommateurs. Pour les fondateurs c'est un projet politique au sens noble du terme. Certains ont fait des études universitaires ou pratiqué un autre métier avant de faire ce choix. Parfois citadins ils ont en général décidé de reprendre l'exploitation des parents en vivant complètement à la campagne quand ils le peuvent.

 

De fortes convictions rassemblent ces producteurs

- Produire dans leur région, alors que face à la concurrence de pays comme la Tunisie ou la Maroc beaucoup de producteurs conventionnels estiment qu'il n'y a plus aucun avenir dans les agrumes en Sicile!

- Produire bio malgré les difficultés du "passage au bio", le temps que la terre tuée par les pesticides, se remette à vivre. Roberto et Antonio Grimaldi ont été des pionniers du bio en Sicile qui produit maintenant 50% de la production bio en Italie. Mais ils doivent se défendre aussi par rapport à certaines coopératives bio qui achètent les agrumes en ne regardant que l'aspect et la possibilité de baisser les prix. Ces coopératives bénéficient du label bio, sans se préoccuper des conditions de production ni du goût des fruits.

- La solidarité est pour eux une valeur essentielle. Solidarité entre producteurs, mais aussi avec les consommateurs. C'est pourquoi ils préfèrent le contact direct plutôt qu'un label obtenu par une administration bureaucratique de plus en plus loin de leurs préoccupations, même s'ils ont tous le label à par deux d'entre eux ( Roberto et Gabriele)

- Le respect des conditions de travail pour leurs employés et le refus du travail au noir (environ 30% du secteur dans l'agriculture italienne).

- La vente directe qui est la seule pratiquée dans le cadre des galline felici, même si les producteurs sont obligés de vendre aussi à d'autres clients ce qu'ils n'arrivent pas encore à commercialiser en direct. Ils expriment combien il est gratifiant de voir ces acheteurs directs apprécier le goût des fruits alors que ceux de la grande distribution ne goûtent jamais un seul fruit pour acheter ils ne s'intéressent qu'à la taille et à l'aspect.

- Faire connaître et développer ces formes de solidarité entre producteurs et consommateurs: Marchés locaux, sites internet, formations, conférences, actions militantes

Mais malgré cet enthousiasme, ils se heurtent tous aux mêmes difficultés:

- La grande distribution, y compris certaines coopératives bio qui ont fait baisser les prix aux producteurs et qui sont tellement implantés aujourd'hui qu'il est difficile d'y échapper!

- Garder leurs terres convoitées par les centres commerciaux qui poussent comme des champignons autour de Catane, et par les bretelles d'autoroutes. Il serait plus rentable pour eux de les vendre et certains craignent que leurs enfants cèdent à cette facilité!

- Les années de passage au bio, le temps que les sols redeviennent vivants. la baisse de quantité même si elle est compensée par une augmentation de la qualité.

- La météo: comme tous les paysans ! Les années ne se ressemblent pas...