Mars 2020 -  Interpellation des candidats aux municipales

 

Les municipales nous concernent ?

Par nos achats, nous voulons non seulement nous faire plaisir, mais aussi faire des petits pas pour changer le monde ( rien que ça ! ). Mais pour changer les choses, nous avons aussi besoin de ceux et celles qui nous représentent aux différents niveaux de notre société....et pour commencer.... dans nos communes. Nous savons que les maires ont certains pouvoirs pour améliorer la vie locale. C'est pourquoi nous voulons interpeller tous les candidats aux municipales de notre territoire sur les questions qui nous intéressent à savoir l'alimentation e l'agriculture.

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L’association Court Jus, forte de ses 734 adhérents organise depuis 2011 dans la communauté de communes de Serre Ponçon des circuits courts afin de rapprocher les producteurs et les consommateurs dans une relation de confiance réciproque . Choisir ce qu’ils mangent est pour ses adhérents choisir quotidiennement le monde de demain. Consommer « au plus près » est pour eux une manière de défendre leur territoire tout en gardant une volonté d’ouverture et de mise en réseau avec d’autres territoires qui produisent ce qui ne peut pas l’être dans nos climats.

C’est dans ce cadre que notre association de « consommacteurs » militants, interpelle aujourd’hui les candidats aux élections municipales 2020 sur les questions de l’alimentation et de l’agriculture. Nous diffusons un texte qui rassemble des propositions pouvant être mises en œuvre au niveau des municipalités.

 

Nous posons aux candidats 2 questions

Lorsque vous serez maire, au cours de votre mandat :

1) Parmi ces propositions, lesquelles comptez vous mettre en œuvre ?

2) Dans quel ordre de priorité ?

Nous envoyons ce texte à nos adhérents et nous leur ferons part de vos réponses.

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Nous assistons depuis de nombreuses années à une diminution du nombre des paysans et un processus de concentration des terres ainsi qu’à une forte déprise agricole. La forêt gagne, les paysages se ferment augmentant les risques d’incendies dans le contexte du réchauffement, les canaux ne sont plus entretenus ce qui contribue à l’instabilité des sols. Un agriculteur sur deux va prendre sa retraite dans les 10 ans qui viennent ce qui va accentuer encore la tendance.

Notre alimentation dépend de circuits de plus en plus lointains qui nous échappent totalement et qui sont assez fragiles. Ces circuits longs proposent des produits très transformés par des processus industriels et rémunèrent très mal les producteurs (les agriculteurs reçoivent 6 % de la valeur des produits alimentaires) .

 

Êtes vous prêts à inverser la tendance pour faire revivre les territoires, accroître leur souveraineté alimentaire et accélérer ainsi une transition agricole et alimentaire ?

 

Protéger les terres agricoles

- Par des classements comme zone agricole dans la réalisation des PLU ou même

- En instituant des Zones Agricoles Protégées avec arrêté préfectoral qui les protègent quelque soit les changements de municipalité.

Une étude de Terre de Liens a montré, concernant l’artificialisation des terres, qu’une surface équivalente au Champ de Mars (24 ha) est perdue toutes les 2 heures.

 

Organiser une veille foncière

- En passant une convention avec la SAFER qui permet d’être averti de toutes les cessions. La commune peut alors demander une préemption, réunir les différents candidats acquéreurs et discuter dans la transparence des projets de chacun.

- En organisant avec la SAFER ou un Etablissement Public Foncier le gel des terres mises en vente pour laisser le temps à des projets d’installation.

- En recensant les terres en friches ou celles qui sont considérées comme des biens vacants sans maître et mettre en œuvre les différentes procédures pour une acquisition communale.

- En achetant en accord avec la SAFER les terres en cession pour y installer des agriculteurs en bail communal, une solution simple qui permet facilement la transmission de l’activité sur une terre qui reste un bien commun.

- En contraignant conformément au code rural les propriétaires de terres manifestement incultes à les louer pour qu’elles soient cultivées. (voir en annexe le lien avec un article de Reporterre)

 

Faciliter l’installation

Aujourd’hui de nombreux jeunes souhaitent s’installer en agriculture avec des projets assez innovants par rapport aux pratiques agricoles dominantes.

Êtes vous prêt à faciliter ces initiatives :

- En proposant des appels à projet sur des terres communales et en facilitant l’accès de ces jeunes à des circuits courts locaux, marchés, restauration collective etc...

- En favorisant les démarches collectives qui permettent des projets plus polyvalents et la mutualisation d’outils de transformation.

 

Faciliter les circuits courts

- Dans le cadre de la restauration collective en cherchant à augmenter rapidement les achats de produits locaux ( au plus près possible). En fixant des objectifs plus ambitieux que la loi pour atteindre les 70 ou 80 % (comme la restauration collective de Briançon) .

- En soutenant (et en aidant à la création ) les structures de transformation de proximité comme les abattoirs, les fromageries, les légumeries, les pressoirs mobiles, les cuisines centrales... Pour Embrun en pérennisant la cuisine centrale gérée localement, quelque soit les choix concernant l’avenir de l’hôpital.

- En mettant occasionnellement des locaux à disposition des associations qui organisent des ventes directes et des rencontres entre producteurs et consommateurs.

- En favorisant la présence et la visibilité des producteurs locaux sur les marchés et en organisant un étiquetage qui permet de distinguer les produits en vente directe de ceux avec un intermédiaire et de ceux des circuits longs. (voir en annexe le lien vers le label INRA Iciclocal qui est proposé aux communes). Le marché pourrait être organisé par une commission réunissant la commune, les exposants, les producteurs et les consommateurs comme cela se fait dans certaines communes.

- En proposant dans les événements organisés par la commune (buffet repas fêtes ) une part importante de produits locaux et en incitant les associations et clubs subventionnés par la commune à faire de même.

 

Développer une éducation à une alimentation locale et de qualité.

- En facilitant la création jardins potagers dans les écoles de la ville.

- En organisant des rencontres entre les élèves et des producteurs locaux par exemple ceux qui fournissent la restauration scolaire.

-En mettant en place des actions contre le gaspillage alimentaire en concertation avec les personnels. (voir annexe gaspillage alimentaire).

Aujourd’hui de nombreux enfants ne mangent plus des « produits de l’agriculture », ils consomment des marques industrielles qui « poussent » dans les supermarchés. Pour eux le lien entre leur assiette et le territoire qui les entoure a pratiquement disparu. Les conséquences sanitaires et sociales de cette situation sont parfaitement connues.

 

Faire un état des lieux participatif

- En engageant sur l’ensemble de la com com un travail d’état des lieux participatif qui permettrait de répondre à une liste non exhaustive de questions : Quelle est la situation et le degré de protection des terres agricoles ? Combien de paysans vont cesser leur activité à court terme ? Quels sont les projets d’installation ? Qu’en est il des circuits courts ? Quel usage des pesticides à proximité des habitations ? Quelle est la place de la restauration collective ? Quelle est la part du bio ? Quelle est la situation des terres communales ? Évaluation du gaspillage, traitement et valorisation des déchets….etc.

Ce travail participatif pourrait aboutir à la mise en place d’un Plan Alimentaire Territorial et ou à la création d’un Conseil des politiques alimentaires. (voir encadré en annexe).


 

ANNEXES

 

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Les Conseils de politique alimentaire . Food council, Consiglio del cibo. Une approche globale de l’alimentation sur un territoire :

Aux États Unis, au Royaume Uni mais aussi en Italie ou en Amérique latine se sont développés des « Conseils de politique alimentaire ». Ce sont des outils intéressants pour développer une gouvernance démocratique des systèmes alimentaires. Il s’agit d’organes et de plateformes multi-acteurs qui ont pour objectif d’identifier et de proposer des solutions innovantes et transdisciplinaires en vue d’améliorer les systèmes alimentaires à l’échelle territoriale, en s’assurant qu’ils soient plus durables du point de vue environnemental et plus justes du point de vue social.

Nés souvent à l’initiative de la société civile, ils ont le mérite de dépasser les divisions sectorielles en réunissant tous les secteurs impliqués, les producteurs, les consommateurs, les professions de santé, les collectivités locales, la restauration collective, les associations d’aide alimentaire, ceux qui traitent les déchets, le secteur de la logistique….Ils permettent une approche globale et non fragmentée de la question de l’alimentation d’un territoire dans une perspective de souveraineté alimentaire et de relocalisation de la production.

http://iciclocal.fr/ressources/

 

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Gaspillage alimentaire

Le problème est bien connu et est d’une grande ampleur, de l’ordre de 30 % des denrées dans beaucoup de collectivités et dans certaines chaînes de distribution. Certains agronomes considèrent que l’équivalent de ce qui est produit en plus grâce aux insecticides et engrais est perdu en gaspillage.

 

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La restauration collective de Briançon. le centre Lapoire

Plus de 600 repas par jour, 78 % des aliments sont bio et ou locaux (provenance départementale collaboration importante avec Echange paysan)

En quelques années la part du bio est passée de 30 % à 60 % et la cuisine a reçu le label Ecocert de niveau II. La fréquentation de la cantine a progressé de 40 % en 3ans.

Le travail à partir de produits non transformés a permis d’améliorer beaucoup la qualité et d’embaucher du personnel sans augmenter les prix.

La qualité des repas a réduit considérablement les gaspillages.

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Lien article de reporterre sur Moelans.

https://reporterre.net/Une-commune-bretonne-impose-l-agriculture-bio-et-paysanne-a-400-proprietaires